Le Révizor
Dans cette petite ville de la Russie profonde, quand on annonce la venue d’un Inspecteur Général - le Révizor - c’est toute la société locale qui est bouleversée : les petites gens qui en espèrent plus de considération pour leur sort, et surtout les notables qui font leurs petits arrangements sur le dos des premiers et qui redoutent de voir mis au jour leurs agissements.
A la suite d’un quiproquo (on est au théâtre), un dandy un peu scribouillard, un peu pique-assiette, est pris pour le Révizor. Un véritable ballet de flatteurs, de corrupteurs et de délateurs s’organise autour de lui.
La pièce de Nicolas Gogol est une farce dont la force subversive apparaît tout de suite aux spectateurs. Le tsar Nicolas 1er ne s’y trompa pas, qui s’écria au sortir de sa loge : « Chacun en a pris pour son grade et moi plus que d’autres ».
Paradoxe : Gogol, fervent réactionnaire, apparut dans cette pièce comme un révolutionnaire désirant saper les bases de la bonne société .
Le théâtre 116, de Fercé, a choisi cette pièce russe dont l’auteur disait : « Qu’est-ce qu’une comédie sans vérité ni méchanceté ? ».
Est-il vraiment qune critique sociale qui met en scène les « grands » de cette petite ville russe, avec leurs petites faiblesses à répétition :
– la demoiselle des Postes qui adore lire le courrier qui lui est confié,
– le directeur de l’hôpital qui a bien compris que, pour faire des économies, il faut renvoyer les malades les plus atteints,
– le juge qui a autre chose à faire que de rendre la justice - et le gouverneur qui, pour asseoir son autorité, n’hésite pas à faire fouetter une femme du peuple.
Et on annonce un Révizor, Mon Dieu ! Que vient fouiner là cet inspecteur ?
Les deux compères, qui adorent jouer les commères, dénichent à l’hôtel du coin, un personnage venant de St pétersbourg, expert en grivèlerie, aussi important que désargenté. L’homme comprendra vite la méprise et saura jouer de la faiblesse des « grands » qui préfèrent payer que de se mettre en règle. Tenez, comme ces maires ... de France ... qui choisissent de payer une amende plutôt que de construire des logements sociaux. Et comme ces employeurs qui préfèrent payer une amende plutôt que d’embaucher des personnes handicapées.
Alors qu’importe si le vrai Révizor arrive ou n’arrive pas. On jouit de la frivolité des femmes, de la servilité des « grands », de l’habileté du « Révizor », des petits travers universels. Le jeu des acteurs, la rapidité des réparties, l’allant général de la pièce font qu’on rit beaucoup.
Baroufe à Chioggia
Ah les femmes ! Elles sont cinq à attendre le retour des pêcheurs, cinq à se jalouser, à se quereller pour une histoire de pomme cuite, ou de coup d’Å“il trop doux, pour une jalousie ou simplement pour le plaisir de faire « bisquer » l’autre. Il y a du crépage de chignons, des cailloux qui volent, des colères et des coquetteries ... et des hommes perdus dans ce délire.
Ah oui, il y en a du Barouf dans ce petit port de pêche ! Un vélo déglingué, des disputes et des coquineries. Des gens qui s’aiment, et qui ne s’aiment plus, ou plutôt qui disent qu’ils ne s’aiment plus... Le « lustrissime » à qui les bonnes gens ont fait appel, trône dans sa « lustrissi-mobile », justice de champ de foire, conscient de son importance, inconscient de ce que, finalement, il se fait berner !
Cette comédie de Carlo Goldoni, déclenche un vrai festival de rires. On rit de la justesse des répliques et des situations, et du jeu des acteurs qui ont su mener la pièce à un rythme bien endiablé ! Les décors, simples, sont très évocateurs, on croirait même voir arriver un bateau au bout du quai .
– A Fercé (salle polyvalente) -
– 02 40 28 88 01
Ecrit le 21 novembre 2007
Les fombrayeux de Juigné
En parler gallo, FRAMBOYER signifie : nettoyer les écuries et les étables. d’après Serge Jouin, il existait au 12e siècle un vieux mot français sous la forme fembrer (du latin fimus, fumier). Joseph Chapron, reprennant le chapitre 201 de la « Coutume de Bretagne », explique que faner et framboyer étaient de « viles corvées » auxquelles les nobles n’étaient pas tenus. Les framboyries, c’est-Ã -dire le curage à fond des écuries et des étables, avaient lieu habituellement deux fois par an, à Pâques et à la Toussaint.
Il existe en forêt de Juigné la Tombe des Fombrayeux : sept hommes assassinés par les Chouans vers 1794-1795. Une histoire dont Guy Le Bris (d’Erbray) a écrit le récit, tout en finesse et en émotion, dans son livre « La Tombe des fombrayeux » paru en 2002.
A la demande du théâtre 116 de Fercé, il en a repris le récit sous forme théâtrale. Jean Pasquier a-t-il tué le capitaine Dersoir ? Le maire de Juigné, Auguste David, dit-il la vérité ? Pourquoi la servante du propriétaire de La Jonchère a-t-elle menti ? Une vraie enquête policière ! Il n’y manque même pas le curé (jureur bien entendu).
Quand l’histoire locale se conjugue avec le plaisir, que demande le peuple ?
La pièce sera jouée à 20h30 à la salle municipale de Fercé, samedi 24 novembre 2007, vendredi 30 novembre, samedi 1er décembre, vendredi 7 et samedi 8 décembre. Et à 14h30 les dimanches 25 novembre et 2 décembre. Prix 6 € - Réserv. 02 40 28 88 01
Ecrit le 28 novembre 2007
Pour animer une petite commune
A la demande du théâtre 116 de Fercé, et de son metteur en scène, Yannick Massard, Guy Le Bris a repris le récit, quelque peu romancé, d’une histoire vraie qui s’est déroulée en forêt de Juigné vers 1794 lorsque le commissaire chargé du recensement des grains fut assassiné.
Une vraie enquête policière ! Avec le maire, le curé, les servantes et l’auberge et l’évocation des fombrayeux. Une pièce bien enlevée, un spectacle fort agréable. Une trentaine de personnes participent à cette aventure, chaque année renouvelée : une vingtaine d’acteurs et une dizaine de techniciens (son, lumière, décors, etc) venus de communes environnantes.
Le spectacle commence au printemps, avec recherche d’un sujet, lecture de textes, distribution de rôles. A la fin de l’été les répétitions se font deux fois par semaine. Quand vient l’hiver, c’est l’éclosion, en général pour 7 représentations.
La pièce sera jouée à 20h30 à la salle municipale de Fercé, vendredi 30 novembre 2007, samedi 1er décembre, vendredi 7 et samedi 8 décembre. Et à 14h30 les dimanches 25 novembre et 2 décembre. Prix 6 € - Réserv. 02 40 28 88 01