Ecrit le 13 février 2008
Première grève des caissières ??
On les appelle « hôtesses de caisse » : ça fait bien. Mais le métier est une galère. Pour la première fois, depuis bien longtemps, un mouvement national a concerné les caissières des grands magasins, le vendredi 1er février, à l’appel des syndicats CGT, CFDT et FO. Mais rien à Châteaubriant ce n’est peut-être que partie remise ...
L’objectif était de peser sur les négociations qui se sont ouvertes sur les salaires et conditions de travail (horaires, travail dominical). l’ampleur de la mobilisation dans un secteur qui n’en a pas l’habitude est révélateur des fortes attentes des personnels qui n’en peuvent plus d’être les laissés pour compte d’une activité qui accumule les bénéfices alors que le pouvoir d’achat régresse pour les salariés.
Si les revendications ne sont pas prises en compte, on s’acheminerait vraisemblablement vers d’autres initiatives à caractère intersyndical.
Le bilan de cette journée est éloquent partout en France et d’abord en Loire-Atlantique :
Pour la région nantaise
Carrefour Beaulieu : Grève toute la journée, 90% salariés grévistes et signature de la pétition par les clients.
Casino Général Buat (Nantes) : débrayage de 9h à 11h. 80% salariés ont débrayé et signature de la pétition par les clients.
Carrefour ST HERBLAIN : Grève toute la journée. 60% de grévistes (50% boucherie, 90% boulangerie), seuls des CDD aux caisses. Et signature de la pétition par les clients.
Leclerc Océane (REZE) : Grève toute la journée.
Les plateformes système U de St Aignan de Grand-lieu et de Carquefou étaient en grève pour la journée à l’appel des 3 syndicats. Saint Nazaire a connu aussi un mouvement de grève.
Misspastouche
Une caissière de Leclerc (Rennes) décrit fort bien sa condition sur son blog : http://caissierenofutur.over-blog.com/
" Croyez-vous que la caissière est riche parce qu’elle récupère de grosses sommes d’argent en une journée de travail ?
Heu, autant vous l’avouer de suite... Non !
En fait, une caissière est payée au smic. Eh oui, c’est un travail non qualifié et donc le barême est à peu près systématiquement calqué au salaire minimum (Ã noter quelques exceptions dans certaines enseignes tout de même, comme Lidl mais le boulot est nettement plus fatigant que dans d’autres grandes surfaces). Ceci dit, il y a beaucoup de personnes qui sont payées au smic et qui s’en sortent, on va dire, correctement. Par contre, ce sont des gens qui sont à 35h (voire même 39). Nous, nous avons un travail à temps partiel. Les temps pleins n’existent presque pas.
En général, une hôtesse de caisse travaillera au maximum 30h par semaine. Ce qui, au bout du mois fera une paye inférieure à 850€.
Par contre, il existe tout un tas de contrats à temps partiels différents. Cela peut commencer de 10h par semaine. LÃ , vous pouvez imaginer des contrats de 10, 12, 16, 20, 24, 26, 30h (et autres si affinités héhé).
En soit, on pourrait se dire, je prends un contrat de 16 ou 20h dans une grande surface et je cherche un autre mi-temps ailleurs.
Mais que nenni ! Ceci est absolument exclu. En effet, vos horaires changeant chaque semaine, vous ne serez pas en mesure de vous présenter dans une autre entreprise avec des horaires fixes.
La seule solution pour travailler en dehors de caissière, c’est, comme le font certaines de mes collègues, faire du ménage de 5h à 8h du matin ou du repassage à domicile. Au bout du compte, ça peut faire des semaines assez chargées et pas toujours faciles à gérer surtout quand il y a la famille à côté.
Il fut un temps où certaines discussions avaient traîné à mon boulot pour passer les caissières à temps plein (35h quoi). Ces demandes ont toujours été refusées car le patron estime que faire déjà 30h de caisse par semaine, c’est beaucoup et nerveusement fatigant (physiquement aussi d’ailleurs). L’alternative qui a été trouvée, c’est de faire quelques semaines à 33h (entre 0 et 3 par mois), tout dépendra de l’activité du magasin.
Ceci dit, j’ai testé en juillet / août et en décembre des semaines à 35h. Alors autant en été, il n’y avait presque personne dans le magasin (je ne suis pas dans une zone très touristique : trop loin de la côte) et on trouvait les journées très longues. Autant en décembre avec une intense activité (fêtes de fin d’année, achats de beaucoup de cadeaux...), ce fut une véritable épreuve. Les journées n’en finissaient pas et arrivée le soir chez moi, je ne pensais qu’Ã rester sans rien faire et sans bruit...
Il me semble que pour le travail de caisse, l’idéal serait de pouvoir avoir un mi-temps avec des horaires qui permettraient de faire une seconde activité ".
Mouchard
Les temps incomplets, avec horaires variables, c’est très fréquent dans le commerce, y compris dans des petites boutiques. Cela s’accompagne parfois d’une pression intolérable. On a parlé souvent, à ce sujet, des boutiques Biche de bere.
Mais il y a d’autres magasins de ce type, y compris à Châteaubriant, des magasins de fringues par exemple, où la vendeuse est tenue de faire un certain chiffre journalier, avec, disons, un minimum de 30 % de vente par rapport aux clientes ayant franchi la porte. Pour cela il existe un portique à l’entrée, qui compte les clientes. Au point que les vendeuses doivent entrer et sortir à quatre pattes pour ne pas déclencher le détecteur. La pauvre cliente, trop forte pour s’habiller dans une boutique qui ne dépasse pas la taille 42, ne sait pas qu’en entrant « voir ce qu’il y a » elle crée de l’angoisse chez la vendeuse !
Il y a des boutiques où les vendeuses doivent trimer sans arrêt, passant de la vente à la mise en rayon, en passant par l’inventaire et le nettoyage des vitrines extérieures, sans avoir le droit seulement à une pause dans la demi-journée.
Il y a des boutiques, à Châteaubriant, où on ne peut être embauché si l’on habite Pouancé ou Nozay ou Derval : car une demi-heure de trajet c’est trop quand la Direction vous demande d’être là de suite.
Il y a des boutiques, à Châteaubriant, où les vendeuses se font réprimander tous les matins, et tous les soirs, pour une bricole, pour rien, juste pour les maintenir sous pression et pour les démolir. Vous voulez des noms ? Un repère : dans ce s magasins-là la direction dit tout le temps « Je ne trouve personne ». Parce qu’elle use les vendeuses les unes après les autres.
Alors, la grève des caissières montre le bon exemple : refuser les horaires flexibles, permettre aux salariés à temps partiel de compléter leurs horaires ailleurs s’ils le veulent. Sarkozy avait dit « travailler plus pour gagner plus ». Les employés de commerce voudraient bien !
Mais très bientôt, demain peut-être, il n’y aura même plus de caissières. Les clients présenteront eux-mêmes leurs achats au robot qui encaissera le paiement. On n’arrête pas « le progrès » ??