Ecrit le 5 juillet 2017
Simone Jacob (épouse Veil), née le 13 juillet 1927, fille d’un architecte juif, est victime des persécutions antisémites de la France des années 30. Elle passe son baccalauréat en 1944 et est arrêtée le soir même, déportée à 16 ans à Auschwitz-Birkenau par les nazis. Elle revient en France à la fin de la guerre, tatouée par la barbarie nazie et orpheline de ses parents et de son frère.
A son retour, elle épouse Antoine Veil en 1946 et entreprend des études de droit et sciences politiques. Elle devient magistrate et travaille comme haut fonctionnaire dans l’administration pénitentiaire. Une de ses actions sera d’améliorer les conditions de détention dans les prisons françaises. Elle devient par la suite secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) en 1970.
Elle est nommée ministre de la santé par Giscard d’Estaing en mai 1974 et le restera jusqu’au 4 juillet 1979. Elle sera en suite présidente du Parlement Européen, puis ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la ville et enfin membre du Conseil Constitutionnel. Elle est restée très attachée à la construction européenne.
Son premier travail, comme ministre de la santé, est de préparer un texte pour la légalisation de l’avortement. Le débat est très rude, des milliers de lettres d’insultes, des amis qui lui tournent le dos, ou cessent de lui adresser la parole, des croix gammées sur la voiture de son mari, une inscription ’Veil=Hitler’ sur la porte de son immeuble, etc.
Vendredi 26 novembre 1974, ce jour-là , Simone Veil a rendez-vous avec l’Histoire : elle intervient sur le projet de loi sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). L’IVG divise, échauffe, cristallise les rancœurs. « Face à un milieu au conservatisme très marqué [le monde médical, NDLR], je présentais le triple défaut d’être une femme, d’être favorable à la légalisation de l’avortement et, enfin, d’être juive », écrit-elle dans son livre autobiographique Une Vie.
Ce discours, qu’on peut trouver ici : voir le site simone-veil, elle le prononce devant une assemblée comptant 9 femmes et 481 hommes, pendant qu’Ã l’extérieur, des militants anti-avortement égrènent leurs chapelets. Le 29 novembre 1974, au cœur de la nuit, la loi est votée par 284 voix contre 189. Les deux tiers des députés de la majorité ont voté contre le texte, adopté essentiellement grâce aux voix de gauche et centristes. La « loi Veil » est promulguée le 17 janvier 1975, autorisant l’IVG pour cinq ans. L’autorisation sera rendue définitive par la loi du 31 décembre 1979.
Femme de conviction, Simone Veil sut exprimer son point de vue. Par exemple, en février 2008, elle n’a pas hésité à partager sa stupéfaction à propos d’une proposition du président N. Sarkozy, souhaitant « confier la mémoire » d’un enfant français victime de la Shoah à chaque élève de CM2. « A la seconde, mon sang s’est glacé. (...) c’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste. On ne peut pas infliger cela à des petits de dix ans. On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. Cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter » , s’indignait-elle.
« Respect, affection et gratitude ». « Une si belle solidité ! Respect, affection et gratitude » a twitté Christiane Taubira au sujet de Simone Veil.
" Je tiens à rendre un humble hommage à Simone Veil, une femme de convictions, pour sa vie hors du commun marquée par ses combats. Son nom restera à jamais attaché à la dépénalisation de l’avortement.
Comme féministe, je retiens l’immense avancée permise par la loi de 1975 qui symbolise plus que tout les droits des femmes, leur revendication d’autonomie et un progrès évident pour leur santé ". (communiqué de Michelle Meunier, sénatrice)