Ecrit le 16 avril 2008
Les oiseaux se cachent pour mourir
Le savez-vous ? Au moins 500 offres d’emplois ont été déposées par les entreprises chargées de dépolluer les sites de l’estuaire de la Loire souillés par du fioul échappé de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) depuis le 16 mars, jour où s’est rompue une canalisation corrodée. Selon l’aNPE de St Nazaire, il s’agirait de missions de dépollution ne demandant « pas de qualification particulière » et dont la durée peut aller « de deux jours à six mois », selon la disponibilité du demandeur d’emploi. « La mission consiste principalement à ramasser les boulettes (de fioul) et à nettoyer les rochers ».
Dans un communiqué commun, en date du 11 avril, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), et la SEPNB-Bretagne Vivante, interrogent :
Total nous dit-il vraiment toute la vérité ?
Toute la vérité sur la quantité réelle de pétrole évacuée dans l’estuaire ?
Comment peut-on expliquer les 300 tonnes récupérées sur les 400 annoncées ? (chose qui reste, à ce jour, invérifié et incontrôlé), alors que la pollution s’est étendue jusque sur les Iles de Ré et d’Oléron, ramenant au passage son lot d’oiseaux pélagiques, vivant au large des côtes (Fous de Bassan, Guillemots de Troïl, Pingouins Torda, etc) ? Près de 300 oiseaux ont en effet été récupérés morts ou vivants à ce jour, les survivants étant soignés aux centres de soins de la LPO à l’Ile Grande et à l’Ecole Vétérinaire de Nantes.
Toute la vérité sur le ramassage des cadavres d’oiseaux dans l’estuaire de la Loire ?
Sur injonction de la LPO, le Ministre de l’Ecologie et du développement Durable, M. Jean-Louis Borloo, a rappelé à Total qu’il devait mettre en place une benne pour les cadavres d’oiseaux récupérés dans l’Estuaire de la Loire.
" Or, mystérieusement, cette benne reste vide à ce jour, alors que des témoignages de personnes travaillant sur les chantiers de dépollution, confirment bien la présence de cadavres, qui sont remis aux responsables des chantiers. avant de disparaître mystérieusement. Alors où sont-ils ces cadavres d’oiseaux ? Envolés ? Sûrement pas. Les Tadornes de belon, les Bécasseaux variables, les Pluviers argentés, les Avocettes élégantestous ces oiseaux au plumage souillé par le mazout ont ou vont, à force de vouloir se nettoyer, ingérer les particules toxiques, développer des pathologies pulmonaires et mourir à petit feu.s’ils n’ont pas dès le départ été englués par le mazout.
Il n’y aurait donc pas d’oiseaux morts sur les deux rives polluées de l’estuaire de la Loire (soit près de 80 km), alors qu’on en retrouve jusqu’Ã l’île d’Oléron ou l’île de Ré ? Alors de deux choses l’une : soit on assiste à un événement
naturel inédit jusqu’alors : les oiseaux ne
meurent pas sur les sites les plus pollués ! Soit Total dissimule la vérité en tentant
de minimiser l’impact ".
Les associations exigent que tous les moyens soient mis à disposition afin qu’un état des lieux exhaustif soit réalisé. Combien d’oiseaux victimes de la pollution ? Quelles espèces touchées ? Quel impact en cette période de passage migratoire et de reproduction, notamment à l’arrivée des passereaux paludicoles dans les roselières (Gorge bleue, Rousserolle turdoïde, Panure à moustache, Phragmite des joncs, Locustelle luscinoïde,).
Alain Bougrain-Dubourg, président de la LPO France, disait récemment que « Le vivant qui nous entoure n’est pas un déchet. L’oiseau qui agonise ne peut être traité par le mépris. Pas plus que son cadavre ». Total doit s’expliquer sur ce point.
Mickaë l Potard, LPO 06 88 11 13 73.
Bernard Guillemot, Bretagne Vivante-SEPNB : 06 77 82 11 30