Ecrit le 23 mai 2007
Agro-carburants : l’illusion verte
Un autre thème à la mode : les bio-carburants, ou la production de « pétrole vert » (éthanol). La solution à tous nos problèmes, nous dit-on. Et si, là aussi, on nous mentait ?
On nous ment en faisant croire que les agrocarburants vont nous permettre de continuer comme maintenant, en nous faisant croire que la voiture a un avenir après le pétrole.
On nous ment en nous faisant croire que l’éthanol est facile à produire et bon marché. En réalité, les plantes de nos pays ont un rendement moindre que d’autres. Par exemple le rendement du maïs est la moitié de celui de la canne à sucre. Pour avoir une bonne quantité d’éthonol, en France, il faudrait doubler, tripler les surfaces en maïs, et forcer le rendement. Avec quoi ? Avec des engrais qui, pour être produits, consomment beaucoup d’énergie.. Avec une forte consommation d’eau. Avec une forte augmentation de la pollution des rivières.
La hausse du maïs
La perspective de transformation en éthanol fait augmenter les prix du maïs. Aux USA les consommateurs se plaignent « de l’augmentation rapide de la viande rouge, du poulet, du lait, des œufs, de certaines barres de chocolat et de tous les aliments qui dépendent directement ou indirectement du prix du maïs » dit Claude-Marie Vadrot dans son « blog-environnement ».
En somme l'éthanol des uns conduira les autres à la famine.
Les grands consommateurs du Nord de la planète, n’envisagent pas de réduire vraiment leur consommation démesurée de carburants (1) et, dans la plupart des cas, ne disposent pas de terres agricoles suffisantes pour produire leurs propres agrocarburants. Cela conduira les gouvernements et les entreprises à encourager, surtout dans les pays du Sud, les cultures destinées à la production de biodiesel et d’éthanol, quitte à déséquilibrer un peu plus les économies de ces pays.
Par exemple, le soja (cultivé pour la nourriture des animaux européens) est devenu la principale cause de déboisement dans l’Amazonie brésilienne et au Paraguay, même avant que l’on commence à le planter pour produire de l’énergie. Le palmier à huile est la cause principale du déboisement en Indonésie, et commence à porter atteinte aux forêts dans bien d’autres pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Des dizaines ou des centaines de millions d’hectares de terres fertiles seront concentrés sous le pouvoir de grandes transnationales et passeront de la production d’aliments à la production de carburants... dans un monde où la faim et la malnutrition sont des problèmes très graves.
Les carburants végétaux ne sont pas verts, ils seraient même plutôt rouges, de la couleur du sang.
Ils vont accroître l’immense tragédie de la sous-nutrition, de la mort de faim, de la misère sociale, du déplacement des populations, de la déforestation, de l’érosion des sols, de la désertification, de la pénurie en eau, etc.
F.F.F.F
Les ingénieurs agronomes redoutent une course à la terre entre les « quatre F » pour Food (alimentation humaine), Feed (alimentation animale), Fiber (textile), Fuel (carburants). « Il faudrait deux planètes pour remplir les estomacs, remplir les réservoirs et préserver l’avenir de la biodiversité », résume M. Griffon, responsable du département agriculture et développement durable de l’Agence nationale de la recherche
On ne sait pas encore comment produire des agro-carburants tout en respectant l’environnement ! On risque, en produisant inconsidérément, de détruire la bio-diversité sur la Terre, de façon durable.
La bagnole
L’illusion verte est le moyen d’éviter de se poser la question des transports. Il y a dans le monde près de 800 millions d’automobiles, qui consomment plus de 50 % du total de l’énergie produite. Ainsi, la voiture individuelle est la première cause de l’effet de serre.
Lire : l’illusion verte et Lire la position de Kokopelli
(1) Les États-Unis représentent près de 25 % de la consommation mondiale, tandis leur population représente 4,6 % de celle du monde !
Voir aussi grappillages
3794 km avec un litre d’essence
Ecrit le 15 avril 2009
250 kg
c’est la quantité de céréales nécessaire pour faire un plein de 4x4, soit la ration d’un homme pendant un an, indique la fédération d’associations France nature environnement (FNE) dans un communiqué publié mardi 31 mars, veille de l’autorisation de l’agrocarburant 95-E10 dans les stations-services.
Compatible avec 60% des véhicules essence actuellement en circulation et la très grande majorité des véhicules essence neuf, ce supercarburant pourra contenir jusqu’Ã 10% d’éthanol en volume
32 %
Plus de 32%. Telle a été la croissance du transport routier de marchandises en France entre 1990 et 2006, d’après une étude du Commissariat général au développement durable, présentée le 26 mars, Sur la même période, les émissions de CO2 de ce secteur, doté d’un parc de 305.000 poids lourds en 2006, ont augmenté de 28%. Le fret routier générait 9% des émissions nationales en 2006 contre 1% en 1990. Si on veut baisser les émissions de CO2, va y avoir du travail à faire !