Ecrit le 6 mars 2019
Tiens, cette semaine nous allons plonger un peu dans la psychologie au vu d’une étude récente de la Mutualité Sociale Agricole (MSA ) qui apporte un autre élairage que celui du Salon de l’Agriculture.
On connaît le mal-être des salariés soumis aux cadences, aux horaires atypiques, aux mauvaises conditions de travail, aux déplacements trop longs, à une direction du personnel tatillonne etc. Mais qu’en est-il des agriculteurs qui travaillent dehors et qui sont leur propre patron ?
La Mutualité sociale agricole de cinq départements s’est intéressée en 2010 à la symptomatologie dépressive. Car, en France comme à l’étranger, les actifs travaillant dans le secteur agricole (agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles) présentent une mortalité par suicide supérieure à celle observée dans d’autres professions et secteurs d’activité.
L’échantillon d’analyse comprenait 10 000 personnes ayant déclaré au moins une activité professionnelle en 2010 (salariée ou non). Elles ont été invitées à remplir un auto-questionnaire postal envoyé à leur domicile. Au total, 2 363 personnes ont rempli un questionnaire, soit un taux de participation de 24%.
La prévalence de la symptomatologie dépressive était,
chez les salariés agricoles, de 14,7% chez les hommes et de 21,2% chez les femmes ;
chez les non-salariés, elle était de 13,6% chez les hommes et de 19,1% chez les femmes.
Chez les hommes salariés, la prévalence de la symptomatologie dépressive augmentait significativement avec l’âge.Chez les hommes quel que soit le statut (salarié ou non) et chez les femmes salariées, l’exposition à des efforts plus élevés, à un ratio efforts/récompenses plus élevé, augmentait le risque de dépression.
Cette étude apporte un nouvel éclairage sur l’exposition aux facteurs professionnels psychosociaux chez les actifs affiliés à la MSA dans cinq départements en 2010.
En France, un certain nombre d’études portant sur la mortalité par suicide chez les affiliés de la Mutualité sociale agricole (MSA ) ont été menées, montrant que les hommes présentaient entre 2008 et 2010 une surmortalité par suicide par rapport à la population générale masculine, particulièrement marquée dans les secteurs d’élevages bovins (lait et viande).
Les troubles dépressifs ont une origine multifactorielle mêlant facteurs génétiques et environnementaux. Le déséquilibre efforts-récompense, c’est-à-dire les efforts consentis lors du travail et les récompenses obtenues en retour, est associé à un plus fort risque de dépression.
Cette association est principalement constatée chez les salariés, peu d’études ayant étudié cette association chez les non-salariés.
Chez les salariés, quel que soit le sexe, il n’y avait pas de différence statistiquement significative de la prévalence de la symptomatologie dépressive selon la catégorie sociale ; toutefois, les catégories des employés et des ouvriers chez les hommes et des ouvrières chez les femmes semblaient être plus concernées. Les cadres et professions intellectuelles supérieures chez les deux sexes et les professions intermédiaires chez les hommes semblaient être les plus épargnés.
- Au bout du rouleau ...
Efforts/Récompenses
Le mot récompense est de la même famille que le mot compensation.
Il existe un questionnaire « Siegrist » permettant de calculer le ratio efforts/récompenses.
L’effort élevé peut provenir de deux sources :
l’effort extrinsèque lié aux contraintes de temps, aux interruptions fréquentes, aux nombreuses responsabilités, à l’augmentation de la charge de travail et à l’effort physique.
L’effort intrinsèque (appelé ultérieurement surinvestissement) traduit les attitudes et motivations liées à un besoin inné de se dépasser, de se sentir estimé, approuvé, de relever des défis ou encore de contrôler une situation menaçante.
La récompense est envisagée sous trois axes :
Les gains monétaires aussi appelée reconnaissance matérielle
L’estime reçue de la part des collègues et des supérieurs hiérarchiques
Le degré de contrôle de son statut professionnel : les perspectives de promotion et la sécurité de l’emploi.
A travers ce modèle, le concept de « réciprocité sociale » est majeur, c’est-à-dire la possibilité d’avoir accès à des avantages considérés comme légitimes compte tenu de l’effort fourni au travail.
L’existence de déséquilibres peut résulter de facteurs divers, Siegrist en liste trois principaux :
Le fait que certains individus n’aient pas le choix et soient contraints de travailler pour vivre, même s’ils ne sont pas parvenus à un bon équilibre entre les efforts consentis et les récompenses obtenues.
D’autres font le choix stratégique de conditions de travail difficiles en vue d’une évolution de carrière qui leur apparait comme particulièrement favorable.
Enfin, certains individus se surinvestissent, consciemment ou inconsciemment dans leur travail.
Le constat d’un déséquilibre, le manque de reconnaissance et leur inscription dans la durée ont un effet sur la dégradation de l’estime de soi. Ces facteurs peuvent amener, selon les résultats des études de Siegrist, des conséquences graves en matière de santé parmi lesquels la survenue de maladies cardio-vasculaires, les trou-bles dépressifs ou encore les maladies artérielles.
(source :voir le site stimulus-conseil
Aujourd’hui, de nombreuses stratégies d’intervention sont mises en place dans les entreprises afin d’atteindre davantage d’équilibre. Elles suivent deux axes principaux :
₪ Agir sur l’individu : il s’agit de réduire les effets du déséquilibre entre l’effort et la récompense sur l’individu en améliorant sa capacité à s’adapter à la situation stressante et à mieux gérer son stress. Elles peuvent regrouper notamment l’apprentissage de techniques de relaxation, de prise de recul par rapport à des situations perçues comme stressantes ou encore la formation des managers à l’exercice de la reconnaissance. Ce sont des mesures de prévention secondaires nécessaires mais insuffisantes car elles ne visent qu’à réduire les conséquences mais n’agissent pas sur les causes du déséquilibre.
₪ Agir sur l’environnement de travail et notamment sur la reconnaissance : accentuer la prévention d’éléments pathogènes en milieu de travail. Ce travail s’accompagne d’une analyse précise des agents athogènes et de leurs effets sur les individus.
Quoi qu’il en soit il est nécessaire de comprendre que le travail ne doit pas détruire l’individu !
Le salon et le gaspi
337 exposants permanents, 19 espaces de dégustations, 16 restaurants et 12 000 produits mis en avant. Pendant plus d’une semaine, le Salon de l’agriculture brasse quantité de nourriture et le gaspillage alimentaire y est devenu un enjeu.
3,5 tonnes de nourriture (soit environ 7000 repas) ont été récoltées en 2018 au profit d’associations. L’événement s’organise pour éviter le gaspillage et sensibiliser les visiteurs sur cet enjeu de société.