Ecrit le 10 décembre 2014.
Ou plutôt ça roule, même si, depuis son lancement le 28 février dernier, les mises au point ont été douloureuses. Gilles Bontemps, vice-président de la Région, en charge de ce dossier, l’a reconnu lors de la première réunion du ’’Comité de Ligne’’ le 4 décembre dernier.
Explications : la ligne Nantes-Châteaubriant est unique en France, par sa longueur, mais aussi par sa complexité puisqu’elle traverse à la fois une zone urbaine et une zone rurale. Nouvelle ligne, nouveaux trains, il a fallu faire des ajustements qu’il n’était pas possible de faire avant. Il fallait en effet expérimenter la circulation sur site, avec des gens dans le train. C’est pourquoi la plupart des difficultés sont intervenues à partir de septembre quand ont été mises en place les dernières circulations.
Actuellement il y a :
- 24 allers-retours Nantes-Sucé sur Erdre
- 18 allers-retours Nantes-Nort sur Erdre
- 7 allers-retours Nantes-Châteaubriant
Cela représente 1300 voyages par mois.
Pour mettre au point le matériel, il faut un million de kilomètres par rame, soit environ deux ans. Gilles Bontemps estime qu’il faut 14 rames en bon état, pour assurer le trafic. Soit environ 24 compte-tenu de l’entretien nécessaire. Actuelle-ment 22 rames sont arrivées en comptant les rames affectées à Nantes-Clisson qui ont été affectées à Nantes-Châteaubriant.
Le logiciel, l’accrochage et les palpeurs
Les difficultés rencontrées ? Des trains supprimés ou en retard. Les causes : le logiciel, l’accrochage et les palpeurs,
Le logiciel surveille tout le train. Par exemple le conducteur n’a pas le droit de démarrer s’il ne voit pas la totalité de son train. Et aussi le logiciel bloque le train s’il estime qu’il n’y a pas assez de volume d’air dans les toilettes. « Nous en sommes à la 14e version de ce logiciel, nous l’avons testée, elle sera déployée en décembre » dit G.Bontemps
Le système d’accouplage-désaccouplage des rames a posé des problèmes. Il a fallu l’adapter et modifier la procédure. C’est réglé.
Le palpeur de courant est un dispositif qui indique s’il y a assez de courant pour faire rouler le train. Sur Nantes-Clisson, pas de problème car le train a besoin de 25 000 volts sur toute la ligne. Mais sur Nantes- Châteaubriant, il y a du 25 000 volts en campagne et du 750 volts (voire moins) en zone urbaine. Et le pauvre palpeur en a été perturbé au point de bloquer les trains quand il était perdu. « Nous avons demandé à avoir des palpeurs de rechange » indique Gilles Bontemps, « en attendant la réalisation de nouveaux palpeurs ». C’est en cours.
Tout ceci explique les annulations et les retards de trains.
Sur 1300 circulations par mois :
- 158 trains supprimés en septembre
- 54 supprimés en octobre
- 45 supprimés en novembre
Cela doit être mieux dès décembre.
La fiabilité (trains arrivant à l’heure) est globalement de 87 %.
Sur cette ligne il y a eu des impon-dérables, comme le 6 mai où un camion a arraché le tablier d’un pont, à Abbaretz, et comme cette fois aussi, le 2 décembre, où une femme ivre, se rendant à un match de foot, a heurté le train. Conducteur choqué, retard : le temps que le dispositif se remette en place cela a bloqué 10 trains. C’est fou le foot.
Il est arrivé aussi que le tram-train ne puisse amener les jeunes de Sucé à l’heure aux établissements scolaires de Nantes. Dans ce cas, le tram-train venant de Nantes, s’arrête à Sucé, embarque les élèves et retourne vers Nantes. Les voyageurs ’’normaux’’ allant vers Châteaubriant sont alors pris en charge par des cars. En d’autres circonstances, les voyageurs ne sont pas laissés en rade, mais, le temps que des cars arrivent, cela peut
demander une heure ou un peu plus ! La Région compte améliorer l’information des voyageurs, en cas d’aléas, par les agents SNCF et par les différents moyens existants (afficheurs des quais, smartphones, SMS).
« Même si elles étaient attendues, ces difficultés ne nous ont pas satisfaits » dit Gilles Bontemps. La Région a donc mis en place un ’’comité de crise’’ depuis mai dernier, avec une feuille de route journalière et une réunion hebdomadaire, avec des décisions prises rapidement, sans suivre le circuit administratif classique à la Région, à la SNCF et chez le constructeur Alstom. Ce dernier, par exemple, a doublé ses équipes de service-après-vente et celles-ci interviennent 24 h/24 et 7 j/7.
Visibilité publique
A partir du 20 décembre, la Région va relancer le site internet du Tram-train pour que les usagers sachent, pour chaque jour : combien de trains supprimés, combien de trains à l’heure ou pas, et quelle conformité (une rame ou deux rames) avec un formulaire de contact pour y écrire des questions et des observations sur le fonctionnement, le développement et les tarifs. « Nous nous engageons à répondre ».
La fréquentation du train est souhaitée à 11 200 voyageurs au 1er septembre 2017. Actuellement cela fait 3000 voyageurs par jour. La ligne compte 1500 abonnés dont 925 abonnements-travail et 553 abonnements-scolaires. Ceux qui pren-nent le train sont très satisfaits. Les objectifs (Ã 3 ans) sont déjà atteints à 68 % à Abbaretz, 57 % à Châteaubriant, 45 % à Nort sur Erdre et seulement 23 % à Sucé.
Ensuite, voici les questions de la salle :
- - demande de pouvoir acheter des tickets de trains dans les cars Lila. réponse : non, d’autant plus qu’on peut acheter un billet à l’avance ou par internet (Ndlr : et demander l’aide des voisins ou des amis, si nécessaire).
- - le tarif est jugé trop élevé. Gilles Bontemps dit que la mise en place du train a coûté 189 millions d’euros, et que la part des recettes n’est que de 32 %. La Région met donc chaque année 70 % du coût de fonctionnement et celui-ci est cinq fois plus élevé que le coût d’un car. Il rappelle aussi qu’en 2006, avant la mise en place des cars Lila, le tarif du car était de 11 € (actuellement le train est à 9,90 €). Il rappelle que les tarifs ferroviaires sont décidés par le ministère des transports. Les Régions cherchent à obtenir la liberté tarifaire. Enfin il dit aussi qu’il y a de nombreuses formules d’abonnement qui réduisent ce coût pour l’usager et il promet des tarifs promotionnels sur certaines périodes de l’année (une suggestion : pour la Foire de Béré et pour les Journées du Patrimoine).
- - L’association des Paralysés demande que le site internet ’’Destineo’’ indique les itinéraires accessibles. [réponse : il y a des organisateurs de transports qui refusent de le dire].
- - Le maire de Châteaubriant demande un aller-retour supplémentaire par jour. [réponse de Gilles Bontemps : oui, quand nous aurons fiabilisé la ligne]
A la gare SNCF de Châteaubriant, le hall d’accueil est passé de 80 m2 à 150 m2, avec sièges, distributeurs de boissons et d’alimentation, sanitaires accessibles, quais vers Rennes accessibles aussi, rénovation de la marquise, et, bientôt, un abri-vélos de 30 places.
Ligne Angers-Châteaubriant
Cette ligne de 73 km est uniquement routière. Elle a enregistré 12 645 voyages en 2013 (14 206 en 2012) ce qui manifeste une baisse de 11 % qui semble se poursuivre en 2014. Le tarif de Châteaubriant à Angers est de 13,20 € (donc bien plus cher que le tram-train).
il n’y a que deux allers-retours du lundi au samedi, renforcés par un troisième aller-retour le lundi et le vendredi. Le dimanche il n’y a qu’un aller-retour. Sur cette ligne, il y a des cars neufs, avec un confort amélioré (wifi, prises électriques, porte-vélos), accessibles aux personnes en fauteuil sur réservation téléphonique préalable. Personne n’a posé de question au sujet de cette ligne, au cours du comité de ligne du 4 décembre.